Le tir au pistolet : les bases
Préambule :
Premièrement, sachez que je vais beaucoup parler de tir réel dans ce dossier. Mais, comme pour le tir au bolt airsoft, énormément de parallèles peuvent être tirées entre le tir réel et ce qui se passe en airsoft. C'est pourquoi j'ai décidé de laisser volontairement une frontière floue entre les projectiles en plomb et ceux en plastique

Deuxièmement, sachez que je n'ai pas la science infuse et que je vais vous parler de mes propres techniques de tir et de ce qui fonctionne avec moi. Cela veut dire que ça ne marchera pas forcément pour vous. Prenez ce dont vous avez besoin, extrayez les informations essentielles et utilisez tout ceci pour l'adapter à votre façon de tirer.
Abordons maintenant mon expérience au pistolet. J'ai commencé à l'âge de 12 ans avec du plomb à 10 mètres en stand. L'année suivante, je tirais du .22 à 25 mètres. Depuis, je n'ai jamais vraiment arrêté le tir et j'en fais désormais dans le cadre privé ainsi que dans le cadre professionnel. Dans le privé, je tire à 25 mètres, tandis que pour le travail j'exerce le tir de combat, avec une distance variant de 3 à 12 mètres.
Les 4 règles de sécurité :
1 : toujours considérer toutes les armes / répliques comme chargées et prêtes à tirer
2 : ne jamais laisser son canon pointer sur quelque chose que l'on ne veut pas détruire, tuer ou mettre hors-jeu
3 : laisser l'index hors de la détente tant que les organes de visée ne sont pas sur la cible
4 : être sûr de sa cible et être conscient de son environnement
Expliquons donc un peu toutes ces phrases typiquement militarisées... La première règle a été créée car trop souvent des gens manient des armes / répliques en les pensant déchargées. Ce sont souvent les mêmes personnes qui ont le doigt scotché à la détente... Quand on a du 6mm chambré, ce n'est pas bien grave si tout le monde porte ses lunettes aux alentours. Avec du plomb, manque de bol, ça traverse la première personne et ça finit dans la seconde...
Le 2ème point concerne les gens qui se baladent avec leur canon qui pointe à hauteur de torse, en direction de torse. Imaginez qu'un laser sorte de votre canon, vos buts doivent être de ne jamais le laisser toucher un allié, ne jamais dépasser la hauteur du buste et de ne pas pointer plus loin qu'à 2-3 mètres devant vos pieds tant que vous n'avez pas de contact.
Le 3ème point est à mon sens le plus important. Avec les technologies actuelles, il est devenu quasi impossible qu'un coup de feu parte sans qu'il n'y ait pression sur la détente. Je ne sais pas vous, mais moi j'ai de temps en temps des tics nerveux dans les muscles, qui me les font contracter involontairement. Ca m'arrive aussi à l'index. Si vous connaissez Murphy et sa loi ("si un événement peut s'empirer, alors il s'empirera"), il suffit maintenant de combiner une détente, un pistolet chargé et un morceau de bidoche devant le canon pour obtenir le tiercé gagnant !
Le dernier point s'adressera plutôt au tir réel. Quand vous propulsez un projectile de plomb à 230 mètres/seconde dans un corps mou, si le plomb est plein (balles à têtes chemisées par exemple), soyez sûrs que le projectile va continuer derrière le truc mou. Dans le cas d'une situation de légitime défense, ça devient difficile d'expliquer pourquoi y'a un gosse qui est mort parce qu'il a pris une balle alors qu'il était derrière le méchant... Pour les fous de la bille, être conscient de son environnement peut s'appliquer à l'identification formelle de son adversaire (ou allié), ou alors d'être sûr qu'on ne s'apprête pas à tirer sur un bête miroir...
La prise en main :
Elément essentiel, et pourtant ô combien négligé.
Une bonne prise en main se fait au dégainé. Si vous n'avez pas toujours la même prise en main, entraînez-vous d'abord à dégainer. Le cerveau est capable de reproduire un geste parfaitement après environ 1000 répétitions. Donc ça fait beaucoup d'entraînement pour juste apprendre à sortir un pistolet de son holster.
Une bonne prise en main est ferme, solide et couvre beaucoup de surface sur le pistolet. Un instructeur m'a une fois dit "plus y'a de bidoche en contact avec ton flingue, mieux c'est". C'est brut de décoffrage, mais c'est complètement vrai.
La main forte : le creux entre le pouce et l'index va venir sous le "bec de canard" situé entre la crosse et le marteau. L'index s'allonge le long de la crosse, éventuellement en contact avec la culasse. Les 3 doigts restants font le tour de la crosse et serrent le plus fort possible. Votre avant-bras doit être dur, et l'effort suffisamment conséquent pour presque faire trembler l'avant-bras. Vous pourrez le voir sur ma photo, mes doigts blanchissent sous la pression, et la dernière phalange est gorgée de sang.

(J'ai de petites mains, ça donne l'impression que je tiens très en arrière le pistolet)
La main faible : la partie charnue de la paume va venir par-dessus les doigts de la main forte pour augmenter encore la pression sur la crosse. Le pouce s'allonge le long de la crosse, obligatoirement sous la culasse pour la raison évidente que la culasse bouge. Les 4 autres doigts viennent recouvrir la première phalange des 3 doigts de la main forte qui tiennent la crosse. Cela a pour but d'augmenter encore la pression. Par ostéo-conduction, cela augmentera la pression de la paume de main faible et des premières et dernières phalanges de la main forte. C'est tout bénéf' !
Pour savoir si vous avez une bonne prise en main, demandez à quelqu'un de secouer le pistolet, s'il glisse, c'est que ce n'est pas encore assez bon. Demandez-lui ensuite de passer son index entre la crosse et les doigts de votre main forte, et mettez-vous en position de tir. Il doit vouloir retirer son doigt de douleur, sinon ce n'est pas suffisant.
Ce qui est juste :

Ce qui est faux :
-la main faible qui vient sous la crosse, c'est comme tirer à une seule main.

-Le pouce faible qui vient contre la culasse, voire même derrière le chien. En airsoft, vous risquez juste un mauvais cycle, à balle réelle, vous risquez juste votre pouce.

-une main faible beaucoup trop en avant. Autant mettre une poignée sur votre pistolet, non ?

Le dégainer :
Le dégainer s'entraîne, beaucoup. Un mauvais dégainer sera lent et aléatoire. Il en résultera une perte de temps pour mettre les organes de visée sur la cible (n'oubliez pas qu'en face, il fait pareil, s'il le fait mieux que vous, vous avez perdu), une visée aléatoire car vous ne viserez jamais l'endroit que vous fixez et devrez à chaque fois corriger avant de presser la détente et une mauvaise gestion du recul. Un recul bien géré permet d'enchaîner les coups très rapidement, car vous serez de retour sur votre cible bien plus rapidement. Un recul sera bien géré uniquement si vous avez une bonne prise en main. Ca tombe bien, c'est le chapitre précédent !
Un bon dégainer se fait en plusieurs étapes. Vous les trouverez ci-dessous avec une photo explicative de l'étape en question.
1 : La main forte se positionne sur le pistolet comme on l'a appris au chapitre précédent. La main faible vient sur le thorax pour réduire au maximum la signature visuelle.

2 : On sort le pistolet de son holster. Le coude reste le plus proche possible du corps, le bras et l'épaule sont le plus en arrière possible. Si vous tenez la position, c'est normal que ça fasse mal aux articulations. La main faible reste sur le thorax.

3 : On pivote simplement le pistolet en direction de la cible. Les légendes disent qu'on devrait être en mesure de toucher sa cible (à moins de 5 mètres, on s'entend bien) en étant dans cette position.

4 : La main faible rejoint enfin la main forte. On maintient comme on l'a appris dans le chapitre précédent.

5 : On tend enfin les bras. Depuis l'étape 3, les organes de visée n'ont pas bougé de la cible, on doit être en mesure de tirer sur la cible dès ce moment de pivot.

Entraînez-vous à bien faire les étapes les unes après les autres. Faites les premiers dégainers très lentement, analysez là où ça croche, demandez-vous pourquoi ça merde, trouvez votre solution. Augmentez petit à petit le rythme. Si vous faites régulièrement une erreur, revenez à un rythme plus lent jusqu'à corriger cette erreur.
Ce qu'il faut éviter : sortir le pistolet du holster, faire rejoindre les deux mains, tendre les bras, puis les lever. Ca va créer un genre d'arc de bas en haut et ça va vous jouer des tours le jour où vous dégainez devant une table ou un copain accroupi.
La visée :
Je ne vous ferais pas l'affront de vous apprendre à aligner vos organes de visée. Par contre, je vais vous apprendre à faire un focus des yeux correct pour les utiliser correctement.
En tir de précision, soit à 25 mètres, je fais le focus et j'aligne dans cet ordre : feuille de hausse, mire, cible. Et je fais mon focus sur la cible en corrigeant le point visé avec tout mon buste plutôt qu'avec les mains. Ca me permet de garder les organes de visée alignés et donc de ne pas avoir à recommencer ma visée.
En tir de combat, nous sommes obligés de viser instinctivement. Nous n'avons pas le temps d'aligner le tout. La plupart des gens font le focus sur leur mire. Ils savent approximativement où se trouve leur feuille de hausse et voient en arrière-plan leur cible. De toute façon, si la mire est sur la cible, il y a peu de chance de la rater vu que le but est de mettre centre masse (plein buste).
Personnellement, je fais le focus sur ma cible. Mon dégainer et ma prise en main étant toujours la même, je sais où mon pistolet pointe et me concentre donc sur ma cible. C'est personnel, mais c'est comme ça que je groupe le mieux mes coups.
La position :
La meilleure position pour encaisser le recul est de tendre les bras sans être en hyper-extension, d'avoir les épaules toniques et serrées, un buste légèrement en avant, des genoux un peu fléchis et les pieds écartés à largeur d'épaule.
Que vous restiez avec des pieds parallèles ou alors avec un pied plus en arrière ne change presque rien. La seule différence se ressentira sur un pivot pour viser une nouvelle cible. Avec les pieds parallèles, un seul pied bougera pour faire pivoter tout le corps, qu'on pivote à droite ou à gauche. Avec les pieds décalés, vous devrez changer d'abord vos appuis avant de déplacer les jambes, puis reprendre des points d'appui.
Le tir avec une lampe de poche :
N'ayant pas de lampe torche à disposition au moment de faire mes photos, imaginez que mon poing fermé tient une lampe de poche.
Il y a 3 positions connues et reconnues, chacune a ses avantages et ses inconvénients.
La méthode FBI :
La plus connue, on la voit dans tous les films. Elle a pour avantages d'être instinctive, de ne pas créer d'ombre et d'être utilisable en mouvement. Ses principaux défauts sont de ne pas éclairer les organes de visée (si on n'a pas de tritium, on est foutu), elle éclaire là où on pointe son pistolet et peut être difficile à utiliser en fonction de sa morphologie (personnellement, elle me fait mal au poignet).

La méthode Neck Index :
Vue de temps en temps, c'est celle que je préfère. Elle éclaire nos organes de visée, elle point là où on regarde, elle est utilisable en mouvement et elle éclaire depuis le niveau des yeux, ce qui évite de se créer des ombres. Elle doit être travaillée pour l'utiliser de façon instinctive et de pointer le faisceau lumineux correctement, mais une fois les bons réflexes acquis, il est difficile de s'en passer.

La méthode Spotlight :
Elle a beaucoup d'avantages, mais beaucoup de défauts aussi. Elle permet d'éclairer le point visé avec le pistolet tout comme d'accompagner le regard. Bien géré, elle permet aussi d'éclairer nos organes de visée. Le gros plus de cette méthode est de décaler la source lumineuse de soi-même. En face, quand ça va répliquer à vos tirs, ça va naturellement viser le point lumineux, ça réduit donc les chances de vous faire toucher. Le plus gros défaut de cette position est qu'il faut avoir une sacré coordination entre les bras...
