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Après quelques mois, sentant que mes pressions sur Alumyx pour obtenir la fameuse photo "dans l'action" de l'an dernier n'aboutiront jamais, je vous dévoile enfin mon feedback du Challenge Concord 2013. Avant toute chose, je tiens à remercie Renan pour avoir organisé cette OP, même face à une absence cruelle de participant, pour n'avoir rien lâché et avoir su au pied levé organiser un scénario. Comme dans chaque OP, tout n'a pas été rose, mais comme je lui ai déjà dis le jour même, ni moi ni Oliva ne regrettons d'être venus et nous avons prit beaucoup de plaisir lors de cet évènement.
Je tiens également à préciser que ce récit, fait assez rapidement après le Challenge, raconte les évènements tels qu'ils ont étés vécu sur l'instant et non pas forcement tels qu'ils se sont passés. Les autres acteurs de ces scènes sont par ailleurs les bienvenus à débriefer et à "rectifier" le récit qui va suivre.
Samedi 22 juin - 6h00 - Pic de Concord - Tarn - France
Mon équipier et moi même arrivons sur la zone. Nous arrivons de directions opposées mais à quelques secondes d'intervalles. Nous nous rejoignons et comparons les documents en notre possession : des activistes indépendantistes basques de l'ETA sont regroupés sur le Pic de Concord dans le Tarn. Leur leader, un certain Denis Rabiot, est un ancien des forces spéciales, il dirige sa cellule comme une organisation militaire et a embrigadé un jeune virologue du nom de Quentin Tartentinaud. Les services de renseignement français et espagnols pensent que cette cellule prépare une attaque chimique contre une cible au nord des Pyrénées.
Notre mission est donc de trouver et d'espionner le campement installé depuis plusieurs jours. Nous devrons épier leurs moindres faits et geste afin de rendre compte ce soir à 18h. Un moyen de communication longue distance a été déposé largué de nuit au sommet et c'est là que nous devrons l'utiliser. Notre ordre de mission comporte des coordonnées présumées du camp ennemie. Nous apprenons la carte et mémorisons tous les détails de notre ordre de mission signé par le Chef d'Etat Major.
Petit détail : nous avons appris sur le trajet que l'équipe espagnole avec qui nous devions faire équipe ne viendrait pas. Passer de deux binômes à deux risque de sacrement nous compliquer la tâche.
Dans le même temps, nous préparons notre matériel. Sans nous concerter, nous avons tous les deux choisis des variantes d'A-TACS comme pantalon et du DPM pour le haut. Nous n'embarquerons que des PA et un appareil photo doté d'un objectif 55-200. Le reste de l'armurerie restera caché dans le coffre des véhicules pour le moment, une mission de renseignement ne nécessite pas d'être lourdement armés.
8h00 - Début de l'opération
Nous nous dirigeons en direction de la position présumée. Ca grimpe sec, très sec, nous progressons sur le chemin jusqu'à la première intersection. Quelques dizaines de mètres avant, nous bifurquons dans les bois et attaquons l'ascension du Pic de Concord. La base ennemie est censée se trouver au Nord-Est du Pic, au dessus du chemin, nous arriverons donc de l'autre coté du chemin pour profiter des hauteurs. Je vais beaucoup de bruit, mon équipier m'intime de marcher sur le pointe des pieds, pas évident lorsque l'on gravit une pente raide mais sa méthode fonctionne, me voilà aussi furtif que ce vieux renard. Nous arrivons bientôt sur notre point d'observation, d'où nous ne voyons ... rien. Une épaisse brume a envahit les bois et rend la cible invisible. Nous continuons donc notre progression, en relais, vers l'objectif. Sur le chemin, nous apercevons un véhicule, une Renault Clio de couleur blanche, les renseignements semblent être exacts pour une fois. Nous nous enfonçons dans la brume de l'autre coté du chemin, nous sommes tout près, je sors l'appareil photo de son étui et réalise que l'étui en question ne dispose pas de sangle. Je le dépose donc au sol, dépose mon pistolet à coté et fais quelques pas de plus pour tomber nez à nez avec le camp basque.
Cette foutue brume ne pouvait nous faire plus mauvaise surprise, nous sommes à seulement quelques mètres de plusieurs personnels que nous entendons très distinctement.



Je prends quelques clichés mais la brume et la faible luminosité des sous-bois ne me permet pas de miracles. De plus, la végétation de notre couvert est assez touffue, compliquant les mises au point. Je tente de m'allonger le long d'un arbre coupé pour prendre un dernier cliché quand je vois l'un des pax se lever et venir dans ma direction, se figer à quelques mètres ... et ouvrir le feu à l'arme automatique.
Il n'est que 8h20 et je me suis déjà fait tirer dessus. La journée commence bien.
La consigne était claire dès le début : en cas de soucis, repli en direction du Pic de Concord. Et nous nous empressons de mettre en oeuvre cette consigne. Sauf qu'au bout d'une trentaine de mètres, je réalise que la précipitation m'a fait prendre le mauvais chemin lors de ma retraite et que mon arme se situe toujours à quelques mètres de la position ennemies. Je ne peux pas laisse mon flingue là-bas, je décide donc d'y retourner, à pas de loup. J'aperçois deux pax hostiles, l'un d'entre eux regarde dans ma direction mais ne semble pas me voir, le second est couché à seulement deux mètres de mon pistolet. Il ne semble pas l'avoir remarqué et la tentation de le récupérer avant de le neutraliser avec est grande mais n'est malheureusement pas à l'ordre du jour. C'est une mission de renseignement, uniquement de renseignement. Après une longue minute, celui qui était couché se lève, aperçois l'étui de l'appareil photo et le Glock 17 et rend compte à son chef par radio de sa découverte. Il semble stressé par cette trouvaille, il regarde tout autour de lui sans s'apercevoir que je suis là, à moins de trois mètres de lui, dans l'ombre, mon couteau prêt à trancher son cou. A mon grand regret, je le regarde embarquer mon pistolet quand l'un d'entre eux, qui semble être le chef des portes- flingues ordonne une battue en ligne. Pas le choix, je fais volte-face et m'élance en direction du Pic de Concord où m'attend mon binôme. De l'autre coté du chemin, à la lisière militaire, Thierry est là, patient, à l'affut. Il me braque avant de me reconnaitre et de me laisser approcher. Je rends compte : je n'ai aucun cliché exploitable et j'ai perdu mon flingue. L'ennemie sait que nous sommes là et que nous sommes armés. Il n'est que 8h30 et la journée s'annonce mal.
Nous faisons une pause sur le versant est du Pic de Concord. Il a plue toute la nuit, les bois sont une immense éponge verte qui recrache de l'eau à chaque mouvement, nous nous posons sur mon poncho et mangeons un peu. Compte tenu de la tournure que prennent les évènements, il vaut mieux recharger nos batteries lorsque nous le pouvons. Nous faisons le point sur le nombre de personnels que nous avons observés, nous avons reconnus Denis Rabiot mais aucune photo ne nous permet de l'attester formellement. Nous allons donc devoir y retourner.
Maintenant que nous connaissons leur position, nous pouvons choisir nos angles d'approche. Cela se fait en douceur, silencieusement, quand tout à coup nous entendons des coups de feu. Dans tous les sens, de longues rafales, comme si quelqu'un vidait son chargeur. Nous commençons à nous demander s'il s'agit d'indépendantistes basques ou simplement de rednecks venus passer des vacances dans le Sud de la France. Mon coéquipier avant jusqu'à une souche qui nous procurera un bon couvert pour une nouvelle séance photo. A genou, immobile, j'attend son signal quand en levant le nez, quelque chose attire mon attention : un fil noir traverse la ligne de vue, à une trentaine de centimètres du sol. Et au bout de ce fil noir, une grenade sans cuillère faisant office de mine est attachée à un arbre avec des serflexs. J'entends mon équipier me faire signe de le rejoindre, j'avance de quelques mètres et lui fait part de ce que je viens de voir. Mon coeur s'arrête de battre au moment où il me répond qu'il ne l'avait pas vu. Nous avons eut chaud, très chaud. La zone est piégée, c'est certes dangereux mais maintenant que nous sommes sur nos gardes, cela devrait pas poser trop de difficultés. C'est même un avantage, pensant ce flanc sécurisé, ils n'y patrouillerons pas. Malheureusement, nous n'arrivons pas à obtenir de meilleurs clichés de leur campement. Avant de partir, nous hésitons et décidons finalement de prendre la mine avec nous. Je sors mon couteau, bloque le percuteur, enclenche la goupille, la maintient et coupe les liens qui l'unissent à l'arbre. Ca pourra toujours servir.



Nous commençons à nous demander ce que nous allons pouvoir faire de mieux quand l'ensemble des hostiles, à l'exception de l'un d'entre eux, se lève et part. Ils se dirigent vers le véhicule, du coté opposé à notre position. Nous sommes contraints de les laisser filer. A ce moment précis, je maudis intérieurement les espagnols de nous avoir laissés tomber au dernier moment, alors que l'opération était déjà planifiée. Un second binôme ne serait vraiment pas de trop pour prendre ces gars en filature. Nous restons tapis dans l'ombre, jusque'à ce que le silence reprenne ses droits.
Il est une fois de plus temps de se replier sur le versant Est du Pic de Concord. La possibilité de voir l'ennemie arriver depuis un surplomb offre des possibilités de repli avantageuse, nous décidons de conserver cette consigne. Une nouvelle petit pause pour évaluer la situation, boire et manger et nous lançons un troisième raid, sur un troisième coté. L'infiltration est lente, nous rampons pour réduire notre signature visuelle.


Mon partenaire à une méthode bien a lui, sur le dos, en n'utilisant qu'une main, la seconde étant dévolue à pointer son imposant Mk 23 vers la position du camp.

Une position peu orthodoxe mais qui nous permettra d'être dans le bon sens pour décamper en cas de problème. Arrivés à vingt cinq mètres du campement, nous entendons à nouveau des coups de feu. Ce débile indique à toute la forêt où le trouver à grand coup de rafales de 5,56. Le risque de prendre une balle perdue est réel, mais son pas de tir est du coté opposé. Nous hésitons à ouvrir le feu mais cela n'apporterait rien de plus aux photos dont nous disposons déjà, quand la voix du débile retentit sur le canal 1 de la radio : "j'ai du mouvement au camps, je répète, j'ai du mouvement ici, envoyez moi des renforts". Merde ! Nous voilà grillés, nous entamons une retraite en rampant lorsque la réponse arrive : "ok, je t'envois du monde pour régler ça, reste au camps, ils sont là d'une minute à l'autre". Nous accélérons le mouvement et partons nous réfugier derrière un taillis. La situation ne pouvait être plus mauvaise.
Une fois de plus, nous nous replions en direction du versant Est du Pic de Concord quand nous entendons à la radio une dispute entre une nouvelle voix et celle que nous avions attribués ce matin à Denis Rabiot, le leader de la cellule terroriste. Il semble que le véhicule soit de retour, nous restons donc à proximité du chemin, essayant de nous frayer un chemin à travers la végétation. Mon binôme cherche un moyen de passer à travers une épaisse masse verte, je le quitte du regard alors que je me concentre sur les conversations radios et m'aperçois qu'il a réussit à passer. Je pense suivre ses pas et arrive de l'autre coté. J'entend des pas, je m'agenouille et dégaine mon appareil photo.

Le personnel en marpat est celui qui a récupéré mon flingue, j'ai un compte à régler avec lui. A ses cotés marche celui que nous pensons être le chef de la garde prétorienne de Denis Rabiot. Quelques secondes après leur passage, un troisième pax emprunt le même chemin.

Mon appareil était presque rangé quand il est sortit de nulle part, bien plus discret que ses deux camarades. La photo est floue, mais je sais qu'il est là. S'ils escortent un véhicule, ce véhicule doit être derrière, je prend plusieurs mètres de recul avant de longer le chemin sur une cinquantaine de mètres pour retrouver la Clio blanche aperçue quelques heures plus tôt.
J'aperçois Denis Rabiot, je lève mon appareil quand il lève la tête. Je suis certain que nos regards se sont croisés alors qu'il empoigne sa radio pour demander le retour de son escorte au plus vite. Il a compris qu'il y avait du mouvement dans les fourrés et ça ne va pas tarder à grouiller de basques armés jusqu'aux dents. Je me replie une fois de plus et longe le chemin de l'autre coté, à la recherche de mon binôme. Je fini par le trouver à la lisère militaire, les deux mains sur son arme, prêt à faire feu. J'arrive derrière lui en me signalant et nous rendons compte mutuellement. Avant que nous n'aillons pu finir, deux hommes armés de fusils d'assaut traversent le chemin et entrent dans les bois. Je sens l'hésitation de mon binôme au moment où il place son doigt sur la détente avant de se rétracter. C'est une mission de renseignement, juste de renseignement. Nous nous replions en azimut brutal, puis bifurquons soudainement, continuons notre retraite, bifurquons, nous les entendons communiquer par radio, ils nous suivent, nous accélérons et bifurquons encore avant d'entamer une dernière ligne droite jusqu'à un groupe de petits arbres. Les silhouettes basses, nous attendons, Thierry est prêt à abattre tout ceux qui tenteront d'en faire autant, la voix de Denis Rabiot donne l'orde d'abandonner la poursuite et de se regrouper. Nous sommes toujours immobiles, l'autre voix répond qu'ils sont en approche de la base. L'affrontement à été évité, nous reprenons notre souffle. Il est prêt de 16h, les basques sont sur les dents, il ne servirait à rien de tenter une quatrième approche. Je soumets toutefois l'idée mais la voix de la raison est celle de mon camarade, cela ne serait qu'une perte de temps.
Nous allons donc prendre nos quartier au sommet du Pic de Concord. Le soleil pointe enfin son nez et après avoir trouvés le transmetteur, nous décaissons de faire sécher nos affaires. J'étends mes chaussettes sur une pierre plate, pose mes chaussures à cotés, je jette la smock sur un buisson et déploie mon poncho. Nous mangeons et je décide de l'allonger au soleil ... Presque deux heures plus tard, mon équipier me réveille, c'est l'heure du contact. Je me rhabille pendant qu'il amène le transmetteur sur le point le plus haut du Pic. Sur l'écran 10", le visage sévère de notre supérieur traduit l'échec de notre mission de renseignement.
Nous en prenons pour notre grade, nous ne sommes que des incompétents, la perte de mon arme fera l'objet d'un rapport, ... Le Colonel fini par nous apprendre qu'une autre équipe, stationnée en soutien à quelques kilomètres de notre position a localisé le convoi et l'a suivi. Au point de rendez-vous, Denis Rabiot a rencontré Quentin Tartentinaud, son disciple.

Ils ont ramenés une bombe bactériologique sur le campement que nous étions censés surveiller.

D'après les espagnols, il s'agirait d'une variante extrêmement mortelle de la grippe, capable de décimer un être humain en seulement 24h.

Ca, c'était la bonne nouvelle. La mauvaise est qu'ils prévoient de l'utiliser dès demain midi.

Denis Rabiot, vacciné contre ce nouveau virus mortel, projetterai de faire exploser la bombe demain à 14h à Perpignan, lors des manifestations culturelles qui se tiendront dans le coeur de la ville.

Compte tenu des délais pour se rendre dans la capitale catalane, il devra quitter notre position aux environs de midi. Une fois sur le réseau routier, il sera impossible de l'arrêter sans risquer la vie de civils innocents. L'Etat Major nous donne donc l'ordre d'agir avant demain midi pour neutraliser la menace. Ils m'informent qu'un pain de C4 et un détonateur ont été placés dans le kit armurerie de mon véhicule et que la chaleur dégagée par l'explosion devrait détruire le virus. Cette forte probabilité combinée à l'éloignement de notre position devrait permettre d'éviter les victimes collatérales, c'est du moins ce qu'affirme le Colonel.
Alors que nous enterrons provisoirement le transmetteur, nous commençons à élaborer un plan. Nous en élaborons dix, voir plus. Leur campement est situé dans un sous bois à la luminosité faible, de plus il fera bientôt nuit : utiliser des fusils de précisions ne nous servira à rien. Nous retournons au parking pour faire un vrai repas et choisir notre tactique. Un peu de saucisson et et une salade de riz plus tard, nous sommes d'accord sur la marche à suivre. Nous profiterons de la nuit tombée pour infiltrer leur campement et jeter la mine dans la plus grosse tente où sera certainement stockée la bombe ainsi que la majorité des ennemies. Une fois cette action effectuée, retour immédiat au parking. Nous devons neutraliser l'objet et dégrossir leurs rangs, les finitions seront pour le petit déjeuner. Je m'accorde donc une sieste à l'arrière de la 206 de location. Ce véhicule est vraiment trop petit, même contorsionné, impossible de s'y détendre. Je peste d'autan plus que mon équipier a reçu un break alors qu'il est plus petit que moi. Lui au moins doit bien se reposer.
22h00 - L'attaque
C'est l'heure. J'enfile mes vêtements, sans oublier de rajouter une couche de polaire supplémentaire pour affronter le froid qui s'est abattu sur le massif en même que temps que le vent. Même si nous avions eut des dispositifs de visions nocturne, le vent aurait tout de même compliqué le processus de traitement de cibles à longue distance. Nous aurions aussi pu attendre demain midi, stopper le véhicule d'une balle dans le moteur houle radiateur avant de réduire au silence son conducteur et poser la charge ... tout en priant pour que l'intégralité de l'Euskadi Club Med ne soit pas en embuscade dans les parages, voir autour du véhicule comme cette après-midi. Non, nous avions choisi la meilleure option, il était temps de passer à l'action. Pour remplacer mon PA, je choisi un fusil à pompe, fiable, avec un fort pouvoir d'arrêt et une dispersion importante, l'arme parfaite en cas d'échec du plan A. Nous empruntons une fois de plus le chemin jusqu'à la première intersection avant de prendre à droite pour longer le chemin sur une cinquantaine de mètre, le traverser accroupie et commencer notre infiltration.Depuis notre position, nous voyons la cible et pouvons compter les paxs. Ils sont au nombre de trois ... Non, deux. L'un d'entre eux viens de les saluer avant d'aller se coucher, la chance semble être de notre coté. Il dormira à points fermés lorsque nous aurons terminés notre approche. Nous savons qu'elle durera près d'une heure. Une heure pour réaliser tout juste soixante mètres, une éternité, mais un mal nécessaire. Nous nous allongeons et commençons notre progression. Il part le premier, seul, fait quelques mètres en rampant, prudemment, puis s'arrête pour que je le rejoigne. Je commence à ramper, le fusil me semble peser aussi lourd qu'une minimi alors que je ne le tiens que d'une seule main, par la poignée pistolet. Je prends mon temps et décortique chacun de mes mouvements, je lève les fesses pour éviter de ramasser toute la foret sous mon uniforme. J'utilise ma main gauche, mon coude droit et j'alterne entre mes genoux et la pointe de mes pieds suivant ce qui me semble rencontrer le moins d'obstacle au sol. Arrivé à la hauteur de mon partenaire, je suis déjà essoufflé. Cette infiltration sera longue et douloureuse, j'en suis maintenant convaincu. Ainsi allongés, toute l'humidité et le froid du sol remontre à travers le sfiblres de nos vêtements, rendant la tâche encore plus inconfortable. Thierry avance, de manière régulière, au cours du second relai. A chaque fois que j'arrive à sa hauteur, il repart pour une longueur supplémentaire. Cette méthode est deux fois plus lente mais deux fois plus silencieuse. Et à part le vent qui souffle sur la cime des arbres et le feu de camp qui crépite de temps à autre, du bruit, il n'y en a pas. Nous continuons à progresser sur l'objectif, lentement, en prenant tout notre temps. Il est notre seul allié dans cette bataille à deux contre sept. Après les avoir fais courir toute la journée, nous comptons désormais sur leur état de fatigue pour les subjuguer.Mon coéquipier n'est plus qu'à quelques mètres des deux sentinelles qui semblent très occupés à regarder le feu. Devant nous se tiens un énorme tronc couché, dont de multiples restes de branches empêches de ramper au dessus. Il n'y a pas le choix, nous allons devoir nous remettre sur nos pieds pour l'enjamber, aussi près de l'ennemie, quelle poise. Le vétéran passe d'abord, agile, sur de ses appuis, il ne fait aucun bruit lorsqu'il pose le pied au sol. A mon tour ! Tout comme lui quelques minutes auparavant, je suis forcé de me redresser pour passer cet obstacle entouré de brindilles plus ou moins sèches. Je suis debout, ils ne me regardent pas, je fais un premier pas, puis un second, je m'apprête à passer le pied au dessus de l'obstacle lorsque mon poids concentré sous mes orteils gauches fait céder une brindille. L'une des deux sentinelles se lève, plonge son regard et sa frontale dans ma direction et scrute, à la recherche de la source du bruit. Je me laisse tomber le plus silencieusement possible en arrière, au ralentit, en essayant de ne pas tout gâcher si près du but. La scène dure une éternité, avant qu'il ne finisse par laisser tomber et remettre une buche dans le foyer. J'essaye de récupérer le fusil qui a glissé dans mon dos mais il semblerait qu'il soit retenu dans des branchages. Du bout des doigts, je démêle le tout et récupère la sangle, bascule mon corps pour faire passer mon arme et son nouveau camouflage naturel devant moi. Tous mes sens sont en alter, je ne quitte pas les guetteurs des yeux alors que je me remets en position. Il ne reste que quelques mètres à parcourir, je pourrais presque éliminer les deux à cette distance mais ce n'est pas le plan. Le plus lentement possible, j'avance un pied devant l'autre pour parcourir les derniers mètres. Même si j'essaye de ne pas faire de bruit, mon souffle est lourd, la tension est à son comble, je garde le doigt le long du corps de mon arme pour éviter un faux mouvement. Ensemble, sans un mot, nous nous remémorons le plan.
Il est plutôt simple : mon comparse éliminera les deux couches-tard avec son imposant .45 prolongé d'un silencieux puis je jetterai la mine. Pendant qu'il s'approche derrière un pantalon en train de sécher, un des deux gardes le repère et tente d'ouvrir le feu. Mon partenaire allume alors sa lampe et lui envoi près de 500 lumens à bout portant, Quentin Tartentinaud tombe alors à la renverse en criant "identifiez vous !". Dans le même temps, Thierry tire plusieurs coups et m'ordonne de jeter la mine. Dans la précipitation, j'ai du mal à la saisir dans la poche, j'ai également du mal à trouver la goupille, je la jète en direction de la tente qui est en partie soufflée par l'explosion. Un survivant a le réflexe stupide d'allumer une lampe puissante à l'intérieur, mauvaise idée. Nous pouvons désormais les compter et les balles de .45 n'ont aucun mal à traverser la toile blanche. Pendant ce temps, je me suis couché à coté d'un petit abris qui m'a protégé du souffle de l'explosion. Il fait noir, je ne vois rien, mais j'entend. A quelques mètres de moi, quelqu'un rampe, je lève mon fusil et pointe la direction du bruit suspect. Je presse la détente et une salve illumine la nuit alors que les grains perforent leur cible. Un crie de douleur retentit entre les arbres, il est blessé mais pas encore mort. Il crie, sa jambe doit être dans un sale état. J'actionne la pompe et fait de nouveau confiance à mon ouïe. Je tire et le bruit s'arrête, un de moins. L'abris à coté de moi s'illumine à son tour, un immense cône de lumière en jailli, j'attend, je ne bouge pas, la lumière s'éteint. Je suis toujours immobile quand la lumière se rallume, je suppose que cette tente doit être "en dur" puisqu'elle a résisté au souffle de la mine. Inutile de tirer à travers, j'inspire un grand coup et jète le bout de mon canon dans l'entrée de l'abris avant de faire feu ; un de moins. A cet instant, quelqu'un sort en courant des vestiges de la tente principale, je n'ai pas le temps de l'intercepter mais un tir de .45 déchirant la nuit semble s'en être occupé. S'ils se mettent à s'achever entre eux, ce n'en sera que plus facile. Un second individu sort de la tente, je tente un tir réflexe et le loupe de peu. Immédiatement, des tirs de pistolet s'abattent sur la position où se trouvait ma jambe quelques dixièmes de seconde plus tôt. J'ai eut chaud, très chaud, c'est la seconde fois que l'on me tire dessus aujourd'hui. Je chasse cette pensée de ma tête alors qu'un faisceau de lumière vole vers moi et se plante face contre terre. Bien tenté l'ami, mais le chance est de mon coté aujourd'hui. J'arme à nouveau la pompe de mon fusil et regrette d'avoir parlé trop vite. Quelque chose est bloqué, en pleine bataille, sans autre arme à ma disposition, j'essaye à nouveau de débloquer la cartouche récalcitrante, sans succès, je stresse, mes mouvements se font moins précis, je ne sais pas exactement combien d'ennemis sont encore vivants, au moins un, ça c'est sur. Je fini enfin par éjecter cette maudite cartouche et en chambre une nouvelle. Je suis de retour et j'entend justement un bruit suspect, j'épaule et tire : Denis Rabiot vient de rejoindre le paradis des hommes sans têtes. Ce psychopathe hors d'état de nuire, nous venons de rendre un sacré service à la patrie, il est temps de finir le travail et de partir vite. J'arme le C4 et le règle sur une minute avant de le jeter à travers les reste de la tente saharienne qui doit abriter la bombe, puisque je ne la vois nulle part aux alentours. Je pars me mettre à couvert, le plus loin possible, quand l'explosion ressentie, caressant la nuit d'une terrifiante lueur rouge. Je tombe, empoigne mon arme et me relève aussitôt, au milieu des flammes crépitantes sur les arbres, je cherche un éventuel survivant. Le ménage semble être fait, aux alentours du camps, je retrouve le corps de Quentin Tartentinaud, au pied d'un arbre. C'est sans doute lui qui a tué le fuyard avant de succomber au souffle de l'explosion de la charge de C4, à moins qu'un arbre l'ai arrêté en plein vol en lui brisant le dos.
Je regarde autour de moi, je cherche mon camarade mais ne le trouve pas. Il a du suivre le plan et doit déjà être retourné aux véhicules.
00h03 - Mission accomplie
Sur le trajet qui me ramène à notre point de départ, je suis toujours sur mes gardes mais la pression redescend au fur à mesure que je m'approche de ma voiture. Je rejoins mon binôme , le sourire au lèvre, nous profitons de notre victoire avant que le Colonel ne nous tombe dessus demain au debriefing. Notre style peu académique sera encore pointé du doigt, nous en sommes sûrs, mais la mission est accomplie. Il y avait des dizaines de façon de régler ce problème et nous avons certainement choisi la plus sonore. Mais le travail est fait, nous avons surpris l'ennemi, les deux cibles prioritaire ont été neutralisé, l'objet n'est plus et aucun survivant ne viendra réclamer de vengeance.
Au final, mon bolt sera resté dans mon coffre, celui d'Oliva n'aura fait que du tir sur panneau, mais quelle OP ! Pas de sniping, mais de l'infiltration, du camouflage, du contournement tactique, tout sauf un tir ! Une expérience vraiment captivante qui m'a une fois de plus permis de tester mon matériel, de gagner en technicité et de constater des progrès.
Pour finir, remise du traditionnel jambon du Concord aux vainqueurs (facile lorsque l'on est le seul binome engagé), du traditionnel pinard et sauciflard, pas de nametape comémorative cette fois-ci mais des sourires sur toutes les têtes. Grand homme, Olivia a bravé les brûmes matinales pour parcourir 30km aller-retour pour approvisionner toute la colonie en viennoiserie livrées au lit, quel seigneur !