
Nous somme en Mai 2010, dans les hauts cantons héraultais, lors de l'op "Les diamants d'Ekati". Le contexte, limite post apo, oppose un groupe de pirates russes (ex militaires de carrières licenciés pour cause de réduction du budget de la défense) avec des PMC venu d'Europe pour protéger une mine de diamant au Canada. Je fais parti du groupe de reconnaissance Russe, les "Volks" (loups). Suite à une méchante chute lors d'un déménagement de camps à 2 heures du mat', mon bolt est inutilisable. Je me retrouve isolé du groupe pour tenter une réparation - sans succès - avant de revenir sur le terrain, en solo, le GBB à la main... Ma ghillie n'étant pas adapté au terrain (beaucoup trop vert), je me lance dans une végétalisation violente à grands coups de buis, l'arbuste le plus présent sur les lieux. Quoi de mieux qu'une infiltration dans le camp ennemi pour tester le camo ?
Me voila donc parti, la fleur au fusil, heu, pardon, la fleur au GBB, à l’assaut, en solo, du camp PMC. Pour vous faire une idée, sur un chemin (carrossable) à flan de montagne, était dressé 2 grosses palissades à 50 m d’intervalles, le tout entouré par des "clôtures électriques" (des rubalises avec des panneaux) et des mines le long du chemin, afin de bloquer les côtés, qui plus est très abrupts. Ayant repéré lors d'une mission précédente un petit trou dans la clôture électrique à côté de la palissade ouest, je tente une approche par le bas de cette dernière. A une cinquantaine de mètres, je commence à distinguer la fortification de bois, et je commence mon ramping. Un garde se tient debout derrière sa protection, et regarde en direction du chemin. Les 30 premiers mètres se passent sans soucis majeurs. Mais à 20 m, la situation devient terriblement tendu. Si le garde tourne de 90° sa tête dans ma direction, mon camouflage ne résistera pas à une étude attentive du sol recouvert de feuilles mortes. Je croise donc les doigts pour qu'il continue de regarder face à lui, et je compte sur ma ghillie pour que son regard périphérique n'accroche pas ma silhouette. Ma chance, c'est que le vent, qui souffles par rafales, fait un bruit conséquent dans les branches des arbres. A chaque bourrasque, je grimpe par à coups de 5 cm, sur les 3 heures du garde. Le moindre faux pas, et je suis grillé... C'est à la fois terrifiant et très excitant. Je pourrais tirer, mais l'envi de venir au contact est la plus forte ! Je finis par repérer le trou entre la palissade et la clôture électrique : ce sera ma cible ! 20 minutes plus tard, (oui oui, 20 minutes pour faire 15 mètres...

Galvanisé par la situation, je continue ma progression, l'USP pointé sur le garde en cas de coup dur ! Il me faut encore 10 minutes pour faire 2 mètres de plus. Intérieurement, je jubile. Je pourrais outer le garde en lui lançant une bille à la main... Tenté un moment de venir 100% au contact pour assommer ma cible, je finis, difficilement, par me raisonner : les 3 derniers mètres, en plein après midi, sur un sol recouvert de feuilles mortes c'est une pure mission suicide ! Il est temps de passer à l'action ! Je prend donc une bonne respiration,aligne calmement ma cible (c'est dans ce genre de situation que l'on est capable de rater un garde à 3 mètres !) et je tire deux billes dans le buste de ma cible (une touche = blessé léger, 2 grave -ne parle plus-, 3 mort). Celui ci s'écroule avec un arrgggghhhhhhh limite flippant. Je fait les deux mètres qui me sépare de lui en rampant, puis je lève ma crosse au dessus de ça tête, et je lui chuchote : "toi, t'es mort !". Son visage oscile entre l'incompréhension et la surprise... Après quelques secondes de flottement, la sentinelle me répond affirmativement d'un mouvement de la tête, et s'allonge au sol.
Dans le même temps, je vois accourir un garde sur ma gauche. Celui ci est persuadé que les tirs viennent du chemin, derrière la palissade : ce ne serait pas la première fois qu'une sentinelle se fait descendre par les snipers du groupe de reco ! Toujours allongé, je me lève sur mes avants bras, et je pointe le contractor. Celui ci comprend alors la situation, mais avant qu'il ne puisse réagir, il se prend 3 billes dans le buste, s'écroule avec de grands moulinets de bras dans un nuage de poussière (joueur super comédien, j'ai beaucoup apprécié !). Son collègue, qui était derrière lui m'a maintenant vu, et il tire une grosse rafale dans ma direction. Je me couche derrière une petite bute de terre, et me décale de quelques mètres avant de me relever en tirant sur ce nouveau garde. Et de trois ! Pas le temps de flâner ! En ombres chinoises, j’aperçois 30 mètres plus loin, un 4ème garde qui attrape à la volée sa réplique et son gilet dernière une bache tendu entre deux tentes. Je ne lui laisse pas le temps d'apercevoir ma position, et dès que celui ci dépasse de son abris, je tire une petite dizaine de billes dans sa direction avant de le mettre au sol (oui, bon, le one-shoot one-out à 30 m au GBB sur un gus qui court, c'est pas évident !). Celui s'écroule à son tour !
Il est plus que temps de mettre les voiles, ça commence à grouiller sévère dans le camps ! Et vu le bordel, je peux me permettre de filer fièrement ! Je saute entre la palissade et la clôture électrique, et je rebrousse chemin par là où je suis arrivé. Derrière moi, l'alarme du camp se met à hurler, et un mercenaire crie : "ATTAQUE GÉNÉRALE DU CAMP !!! LES RUSSES NOUS ONT ENCERCLES !!!"
Gros fou rire intérieur : j'étais tout seul avec un GBB ! Le plus marrant dans l'histoire, c'est qu'à la fin de l'OP, j'ai appris qu'un petit groupe de Russe était sur le point d'attaquer le camps : tout comme les PMC, ils n'ont rien compris à ce qui c'est passé ! Je l'écrivais il y a 3 ans, et je n'ai pas changé d'avis : c'est ma plus belle infiltration ! Approcher un gars à 2 m, ce n'est pas comme le laisser s'approcher à 2 m. Un vrai moment inoubliable d'airsoft.
